Nouvelle polémique au sein de l'appareil judiciaire : une commission d'experts vient de conseiller une mesure nouvelle pour prévenir ou plutôt mieux réprimer la délinquance juvénile. Restez assis... Il ne s'agit que d'autoriser la prison à partir de ... 12 ans. Voir l'article du Monde à ce sujet.
Il est certain que l'on ne parle pas de la prison telle qu'on peut l'imaginer dans les établissements carcéraux pour adultes mais... Il n'en reste pas moins que ce conseil qui, je l'espère, ne deviendra pas une décision, reste hautement préjudiciable. Tant qu'on n'y est, pourquoi s'arrêter à 12 ans ??? 7 ans est, si l'on en croit la tradition, l'âge de raison. Va pour la prison à 7 ans ! Et même, arrêtons-les avant qu'ils puissent faire le moindre dégât : prison dès l'âge de 3 ans...
Continuons dans le mauvais goût avec une fouille musclée dans un collège du Gers afin de détecter des drogues. Ce qui n'était présenté au départ que comme une visite d'information s'est transformé en spectacle indignant et dégradant pour les éléves présents. Voir le Grand Soir pour le scénario complet.
Ajoutons les multiples tentatives de museler le réseau internet et ses acteurs, tentatives sur lesquelles je reviendrai dans un autre billet. Rappelons les conditions de détention des clandestins. Finissons en beauté avec l'arrestaion musclée d'un journaliste de Libération pour simple fait (pas avéré) de diffamation.
Trêve de "mauvaises" plaisanteries et rappels douloureux. La justice française tourne au ridicule, rendant suspect tout ce qui peut l'être, coupable tout ce qui est suspect. Rappelons cette citation-argument de Rachida Dati : "En
tant que garde des Sceaux, je mets en oeuvre une politique pénale
ferme, souhaitée par les Français, votée par le parlement, qui a
essentiellement pour objet la protection des citoyens et la lutte
contre la récidive en réinsérant les personnes détenues."
Politique pénale ferme ? On ne peut en douter. Quant à savoir si elle produit des résultats efficaces, c'est une autre histoire... Souhaitée par les français ? Rappelons à Madame Dati que Nicolas Sarkozy a été élu à un peu plus de 50% et non pas 98 ou 99%... Réinsertion des personnes détenues ? Je n'ai pour l'instant vu passer que des mesures répressives. Quant à la protection des citoyens, on finit par se demander si cette politique ne finit pas en fait par se retourner contre les citoyens.
Nicolas Sarkozy déclarait en effet lorsqu'il était ministre de l'Intérieur qu'il ne voulait pas de "zones de non-droit". Zone de non-droit signifie absence de législation. Mais législation pour qui ? Si l'on ne peut nier l'existence de la délinquance et la nécessité d'y répondre par une méthode appropriée, on ne peut que s'inquiéter de la montée du tout-répressif. Pas de zone de non-droit ? En effet ! Quand les droits finissent par
être concentrés dans les mains de quelques-uns, cela crée un autre type
de zone de non-droit. C'est le citoyen qui perd actuellement peu à peu
ses droits sous couverture d'une pseudo-sécurité. A méditer...
Rappelons pour conclure ce petit proverbe : "Quiconque est prêt à sacrifier sa liberté pour une sécurité provisoire ne mérite ni l’un ni l’autre..."
Jean-François CAUCHE