Cher(e)s ami(e)s,
En cette fin d'année et à la veille des fêtes, je veux faire avec vous le bilan de la période écoulée et faire quelques propositions.
Avec la mise en place du Secrétariat et du Bureau national, le débat de notre Congrès s'est, enfin, achevé. Ce fut, convenons en, un triste épisode, un Congrès raté de bout en bout. Le vote sur des motions hétéroclites et artificielles a été fragmenté, aucune majorité ne s'est affirmée à Reims, où les querelles de personnes ont prévalu. L'élection de la Première secrétaire a été disputée à l'extrême et contestée, puis arrêtée par le Conseil national. La Direction formée par Martine Aubry s'est installée sur une base un peu étroite, sans rassembler suffisamment les socialistes, sur le fondement d'un texte acceptable, mais sans grande perspective, elle coalise des forces hétérogènes, elle devra définir son rapport au réformisme et à l'Europe, elle aura à lever certaines ambiguïtés.
Où se situe, dans ce contexte, « Besoin de gauche » ? Je ne reviens pas sur le passé. Le choix de présenter notre propre motion au Congrès de Reims eût sans doute été pertinent et nous aurait permis une identification plus forte. Une autre option, privilégiant notre rassemblement, a été retenue : n'en ayons aucun regret, mais tirons en la leçon qui s'impose, la nécessité de mieux nous armer, d'avoir davantage confiance en nous à l'avenir. Quoi qu'il en soit, « Besoin de gauche » existe et pèse : notre groupe compte une trentaine de membres dans les instances nationales du Parti, plusieurs Premiers secrétaires fédéraux, 5 membres du Bureau national, 2 Secrétaires nationales, il est soutenu par de nombreux élus, locaux et nationaux, nous sommes présents dans l'essentiel des fédérations. C'est un premier acquis solide.
Pour ma part, j'ai défini ma propre ligne de conduite, je suggère que ce soit la nôtre : loyauté et liberté. Loyauté, d'abord, à la Direction, à laquelle nous participons. Nous n'en sommes pas, soyons francs, les moteurs, cela n'a pas été souhaité de part et d'autre – j'ai moi-même préféré ne pas participer, dans cette configuration, au secrétariat du Parti, où je ne me serais sans doute pas senti tout à fait à l'aise. Mais nous devons laisser sa chance à la nouvelle équipe, mieux, l'aider à réussir, contribuer aux travaux qu'elle proposera au Parti. Si Martine Aubry tient l’engagement qu’elle a pris de me confier l’animation d’une Convention nationale, je le ferai volontiers. Loyauté à la motion A, avec Bertrand Delanoë et François Hollande, en militant pour que celle-ci ne se contente pas d'être la spectatrice, honorable, d'une alliance privilégiée entre les motions C et D, mais affirme fortement une ligne réformiste : nous devons l'y aider. Soyons libres, toutefois, et ne nourrissons pas d'illusion excessive. Les temps qui viennent seront compliqués, nécessairement : la capacité de la « majorité » à faire vivre une cohérence intellectuelle d'essence social-démocrate, à la fois de gauche et ambitieuse, rigoureuse et crédible, ne va pas de soi, pas davantage que la volonté de promouvoir une vraie rénovation du Parti, passant selon moi par des primaires ouvertes pour la désignation de notre candidat à la Présidentielle. Cette liberté, nous l'avons voulue, nous l’avons conquise, on nous l'a laissée, sachons nous en saisir et en faire le meilleur usage.
Que faire pour cela ? Construire et nous construire ! Je vous propose de faire grandir « Besoin de gauche », d'en faire une force de réflexion, de proposition et d'action majeure, au service du socialisme du XXIème siècle. Cela passe – enfin - par une organisation rigoureuse. Celle-ci vous sera soumise en janvier. Un collectif politique d'animation sera mis en place, des experts travailleront de façon ouverte, sur les grands sujets, des camarades réfléchiront à la vie du Parti, des correspondants seront mis en place dans chaque fédération, nos parlementaires agiront davantage ensemble. Par ailleurs, un groupe ouvert existe sur « Facebook », qui compte déjà plus de 650 membres, une lettre hebdomadaire, adressée à un fichier large, sera publiée à partir de janvier 2009. Cette organisation sera mise au service d'un travail de fond. Je souhaite que nous puissions, collectivement, préparer les conventions et textes du Parti – je pense au premier chef au plan de relance économique des socialistes, élaboré en janvier, et à notre programme sur l'Europe. Faisons le à travers des contributions approfondies, audacieuses, défendant fermement des valeurs et une démarche sur lesquelles nous n'entendons pas transiger. Préparons nous, enfin, à prendre toute notre place dans les échéances futures, qu'elles soient électorales – je pense d'abord aux élections européennes de 2009, aux régionales de 2010 - ou internes au Parti.
En 2008, nous n'étions sans doute pas tout à fait prêts. J'ai la conviction que si nous savons, dans les mois qui viennent, consolider et accroître nos forces, nous pourrons jouer un rôle central dans la rénovation, incontournable, de la gauche et dans la préparation de l'alternance, indispensable, à la politique de liquidation de Nicolas Sarkozy.
Vous pouvez, dans cette perspective, pleinement compter sur moi. J'ai choisi de conserver ma liberté de parole et de pensée. Ce n'est pas, bien au contraire, un retrait, moins encore une retraite. Je souhaite au contraire, avec vous, ouvrir la voie d'une politique de la sincérité et de la vérité, éloignée à la fois du conservatisme d'appareil et de la démagogie cathodique. Ce chemin est escarpé, l'emprunter ne sera peut-être pas toujours confortable : je m'y engage pourtant avec beaucoup de sérénité, de volonté et de confiance. Car je crois qu'il est celui qu'attendent beaucoup de socialistes, d'hommes et de femmes de gauche. J'espère, dans cette entreprise, pouvoir compter sur votre soutien. Nous vous inviterons, à la fin du mois de janvier, à une réunion nationale de « Besoin de gauche » : je vous y attends nombreux.
En vous donnant rendez-vous à la rentrée, je vous souhaite, cher(e)s ami(e)s, de très belles fêtes et une heureuse année 2009. Avec ma fidèle amitié,
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