La recherche de la croissance a toujours été au cœur du discours sarkozyste. Selon les périodes, le diagnostic sur les causes du blocage, comme les solutions pour y faire face, ont beaucoup varié. Après avoir imputé la langueur de la croissance française au fait que les Français n'étaient pas assez endettés, ne travaillaient pas assez, puis ensuite à l'insuffisance de la concurrence et aux rentes de situation, désormais la France souffrirait d'un retard d'investissement ! Sarkozy vient donc d'annoncer en guise de plan de relance, une vingtaine de milliards pour soutenir l'investissement public et privé.
L'effet d'un dopant
Sarkozy pouvait difficilement faire autrement dans cette période où tous les dirigeants de la planète cherchent, par tous les moyens, à réinjecter de l'argent frais dans l'économie dans l'espoir de la faire redémarrer. Cette approche purement quantitative et financière est sidérante de paresse intellectuelle et d'aveuglement. Comment peut-on raisonnablement penser pouvoir remédier à un problème si on n'en a pas identifié au préalable les causes ?
Ce plan de relance, qui se résume à déverser 26 milliards d'euros dans l'économie fera l'effet d'un dopant. Si la récession est une conséquence de la crise financière qui aurait fait caler l'économie, elle redémarrera comme un cœur à l'arrêt bat à nouveau après une injonction d'adrénaline. Mais si la récession est la conséquence d'une crise systémique dont la crise financière n'aura été qu'une manifestation, alors la France se réveillera une fois la magie de la relance dissipée, dans la même situation, avec une industrie en lambeaux, un pouvoir d'achat en berne, le moral dans les chaussettes et une dette devenue insoutenable.
Les errances de la stratégie économique contemporaine
Sarkozy, toujours à l'écoute des mouvements de l'opinion, a depuis longtemps intégré le problème de la stagnation économique. Le problème, c'est qu'il n'a jamais eu de stratégie bien claire pour y répondre. Depuis qu'il monopolise la scène politico-médiatique, il a promis le retour de la croissance et la relance du pouvoir d'achat avec des recettes d'une constante stupidité.
Il y a d'abord eu le « l'Etat est trop endetté et les français pas assez ». Voulant ainsi importer en France le modèle de croissance anglo-saxon, il a voulu développer les crédits hypothécaires et décidé des mesures de défiscalisation des crédits à la consommation ou immobiliers. La crise des subprimes a révélé où conduisait cette stratégie…
Ensuite, il a prétendu créer de la croissance et du pouvoir d'achat par un surcroît de concurrence dans une France paralysée par des rentes de situation. Cela a commencé par l'affaire des marges arrières, puis au moment du rapport Attali avec la libéralisation du commerce et de toutes les professions réglementées. Cette stratégie, qui n'a jamais convaincu personne, a fait long feu sous l'effet de tous les lobbys auxquels son premier ministre n'a jamais osé s'attaquer.
Mais c'est le fameux « travailler plus pour gagner plus » qui a constitué le leitmotiv de ces dernières années. Le raisonnement était simple : s'il y a du chômage, c'est que les Français ne travaillent pas assez. Il fallait donc faire sauter le plafond des 35 heures, défiscaliser les heures supplémentaires, obliger les chômeurs à reprendre n'importe quel travail, favoriser les petits boulots avec le RSA, repousser la retraite jusqu'à 70 ans, travailler le dimanche…
Décalage avec la conjoncture
Une fois que l'on aurait libéré le travail, la croissance reviendrait comme par enchantement. Cette politique conçue pour une période de croissance et de plein emploi s'est retrouvée vite en décalage avec la conjoncture. Non seulement elle n'a entraîné aucun dynamisme supplémentaire, mais depuis la crise, elle est devenue un facteur aggravant du chômage !
Toutes ses recettes libérales ayant échouées et la mode étant désormais aux plans de relance keynésiens, Sarkozy s'est désormais converti à la dépense publique : 10 milliards de grands travaux publics, 10 milliards pour les entreprises afin de les inciter à investir…
A la différence des recettes passées, sa nouvelle lubie ne repose sur aucun semblant de justification économique. Personne ne peut raisonnablement soutenir que la France souffre d'un défaut d'investissement ou d'une carence en équipements publics. Au contraire, la qualité de nos infrastructures est toujours citée comme l'un des principaux facteurs d'attractivité du pays !
Avant, il trouvait à expliquer la langueur de la croissance française par des ritournelles libérales. Maintenant que l'économie est en récession, il n'y a plus aucune cause à combattre. Si la récession n'était qu'une conséquence de la crise bancaire, la recapitalisation des banques devrait suffire à faire repartir le crédit, donc l'investissement et la consommation. Apparemment non. La cause de la récession n'est pas là. Elle est ailleurs, partout et nulle part. C'est la crise mondiale. Comme un phénomène météorologique ou une malédiction qui se serait abattu sur la planète… Il ne s'agit plus de remédier aux maux de l'économie française, mais de relancer pour masquer les effets d'une économie à l'agonie.
L'absence de cause invoquée à la nécessité de la relance en dit long sur la vacuité de la stratégie économique de nos dirigeants.
Où est le volet défensif ?
Si les 10 milliards d'investissements publics devraient stimuler l'activité, notamment dans l'ingénierie et le BTP, l'effet des 10 milliards destinés aux entreprises est beaucoup plus douteux. L'investissement productif ne repartira pas simplement en renforçant la trésorerie des entreprises ou en consolidant leur capital avec le fonds d'intervention stratégique.
Pour qu'une entreprise investisse, il lui faut un surcroît de compétitivité pour exporter, une nouvelle demande à satisfaire ou un saut technologique à accomplir : autant de facteurs qu'ignore le plan de relance. Les 10 milliards pour les entreprises ne serviront qu'à les aider à encaisser tant bien que mal le choc de la crise.
Si le programme d'investissement public peut être considéré comme offensif, les aides aux entreprises apparaissent comme un volet défensif, bien insuffisant.
Le plan de relance pèche en effet par une insuffisance de mesures de protection. Sarkozy a mis en évidence dans son discours les deux risques majeurs de la période qui s'ouvre : les délocalisations et les plans sociaux décidés par anticipation pour préserver les marges. Si les entreprises s'engageaient sur cette voie, on passerait vite de la récession à la dépression sous l'effet conjugué de la chute de la demande et d'une érosion de l'offre de travail. Sur ces deux risques majeurs, Sarkozy se contente de demander des « engagements » et de proférer une « mise en garde » : un peu léger dans une crise d'une telle ampleur !
Pourquoi n'a-t-il donc pas pris ses responsabilités en prenant des mesures contraignantes comme la restauration temporaire de l'autorisation administrative de licenciement, voire l'interdiction des licenciements pour les entreprises encore profitables ? Après tout, un jugement récent a bien condamné pour ce motif la délocalisation de l'entreprise Arena !
Rien pour les chômeurs
De même, il n'y a rien ou si peu dans le plan en ce qui concerne l'indemnisation des chômeurs. Seuls l'extension des contrats de transition professionnelles et des annonces d'incitation au travail à temps partiels viennent tenter de conforter la situation de ceux qui vont perdre leur emploi. Sarkozy reste de ce point de vue accroché au schéma ancien des « mutations » où un salarié licencié était sensé pouvoir en retrouver un facilement ailleurs, dès lors qu'il accepterait de se former et quitte à revoir à la baisse ses prétentions salariales.
Il y a là d'ailleurs un vrai risque pour la solidité du tissu économique. Si l'industrie automobile licencie en masse – ce qui est probable – et que le BTP recrute car stimulé à l'excès par le plan de relance, va-t-on reconvertir les ouvriers de l'industrie en maçons et en couvreurs au risque de faire disparaître la main d'œuvre qualifiée et d'enterrer tout espoir de rebond de l'industrie ?
Dans ce contexte récessif, il faut avoir le courage d'accepter l'idée qu'il y aura une remontée du chômage. Et peut-être vaut-il mieux pour l'avenir indemniser les chômeurs tout en leur offrant des formations qualifiantes dans leur métier (VAE…) plutôt que de les forcer à se reconvertir dans des métiers portés par une bulle artificiellement gonflée par l'intervention publique. La France ne va tout de même pas se spécialiser dans le bâtiment, les travaux publics, le commerce, l'artisanat (sa proposition d'emploi franc emprunté au programme de Bayrou) ou les services à la personne ! Ce serait engager le pays sur la voie d'un déclin assuré et rapide, car il s'agit d'une économie sensée être induite par le dynamisme de l'économie productive. En aucun cas ces secteurs d'activité ne sauraient constituer un moteur de croissance et de création de richesse.
Que ce soit pour la sauvegarde de l'appareil productif ou la préservation de la main d'œuvre qualifiée, il manque assurément un volet défensif au plan de relance de Sarkozy.
Et si la crise était systémique ?
Pour certains économistes, tel Jacques Sapir, Jean Luc Gréau, Frédéric Lordon ou Emmanuel Todd, la crise mondiale n'est ni un phénomène conjoncturel, ni une conséquence de la crise financière. C'est une crise d'épuisement du modèle néolibéral fondé sur la mondialisation des échanges, le primat de la finance sur l'industrie, l'explosion des inégalités et des déséquilibres macroéconomiques mondiaux, l'excès d'endettement public et privé venus compensés une stagnation des salaires.
Selon cette hypothèse, l'économie mondiale, confrontée à un mur de dettes et à un problème d'insuffisance de la demande globale, s'engage dans une spirale dépressive et déflationniste qui s'annonce dévastatrice pour l'emploi, le pouvoir d'achat et les finances publiques. Elle durera tant que le système n'aura pas été réformé en profondeur permettre la relance des salaires, de la production et de l'investissement.
Si cette interprétation s'avère juste, le plan de relance ne redonnera qu'une petite bouffée d'air à l'économie française tout en aggravant les causes de la crise. L'économie en ressortira plus endettée, avec une demande plus comprimée, un appareil productif encore plus délocalisé, des salaires encore plus contraints. Le traitement administré par Sarkozy reviendrait alors à celui de l'alcoolique qui boit au réveil l'alcool avec lequel il s'est mis minable la veille pour faire passer sa gueule de bois…
La seule sortie de crise envisageable passerait alors par une réindustrialisation du pays et un ancrage de l'industrie via la mise en place d'un protectionnisme coopératif, par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital via de nouvelles contraintes à l'avidité du capital et par une remontée des salaires via des mécanismes d'indexation au regard de la productivité du travail.
Nous ne tarderons d'ailleurs pas à savoir si la récession est un phénomène conjoncturel lié à la crise financière ou si elle est une crise systémique d'épuisement du modèle.
Bientôt les entreprises du CAC 40 publieront leurs résultats pour l'année. Si nos champions nationaux battent une fois de plus leurs records de profits, ce sera le signe que le capital à force de vivre sur la bête est en train de la tuer et qu'il ne lâchera pas prise avant de l'avoir définitivement achevé.
Ce jour là, la crise économique deviendra sociale, puis politique.
Retrouvez Malakine sur son blog.
L'effet d'un dopant
Sarkozy pouvait difficilement faire autrement dans cette période où tous les dirigeants de la planète cherchent, par tous les moyens, à réinjecter de l'argent frais dans l'économie dans l'espoir de la faire redémarrer. Cette approche purement quantitative et financière est sidérante de paresse intellectuelle et d'aveuglement. Comment peut-on raisonnablement penser pouvoir remédier à un problème si on n'en a pas identifié au préalable les causes ?
Ce plan de relance, qui se résume à déverser 26 milliards d'euros dans l'économie fera l'effet d'un dopant. Si la récession est une conséquence de la crise financière qui aurait fait caler l'économie, elle redémarrera comme un cœur à l'arrêt bat à nouveau après une injonction d'adrénaline. Mais si la récession est la conséquence d'une crise systémique dont la crise financière n'aura été qu'une manifestation, alors la France se réveillera une fois la magie de la relance dissipée, dans la même situation, avec une industrie en lambeaux, un pouvoir d'achat en berne, le moral dans les chaussettes et une dette devenue insoutenable.
Les errances de la stratégie économique contemporaine
Sarkozy, toujours à l'écoute des mouvements de l'opinion, a depuis longtemps intégré le problème de la stagnation économique. Le problème, c'est qu'il n'a jamais eu de stratégie bien claire pour y répondre. Depuis qu'il monopolise la scène politico-médiatique, il a promis le retour de la croissance et la relance du pouvoir d'achat avec des recettes d'une constante stupidité.
Il y a d'abord eu le « l'Etat est trop endetté et les français pas assez ». Voulant ainsi importer en France le modèle de croissance anglo-saxon, il a voulu développer les crédits hypothécaires et décidé des mesures de défiscalisation des crédits à la consommation ou immobiliers. La crise des subprimes a révélé où conduisait cette stratégie…
Ensuite, il a prétendu créer de la croissance et du pouvoir d'achat par un surcroît de concurrence dans une France paralysée par des rentes de situation. Cela a commencé par l'affaire des marges arrières, puis au moment du rapport Attali avec la libéralisation du commerce et de toutes les professions réglementées. Cette stratégie, qui n'a jamais convaincu personne, a fait long feu sous l'effet de tous les lobbys auxquels son premier ministre n'a jamais osé s'attaquer.
Mais c'est le fameux « travailler plus pour gagner plus » qui a constitué le leitmotiv de ces dernières années. Le raisonnement était simple : s'il y a du chômage, c'est que les Français ne travaillent pas assez. Il fallait donc faire sauter le plafond des 35 heures, défiscaliser les heures supplémentaires, obliger les chômeurs à reprendre n'importe quel travail, favoriser les petits boulots avec le RSA, repousser la retraite jusqu'à 70 ans, travailler le dimanche…
Décalage avec la conjoncture
Une fois que l'on aurait libéré le travail, la croissance reviendrait comme par enchantement. Cette politique conçue pour une période de croissance et de plein emploi s'est retrouvée vite en décalage avec la conjoncture. Non seulement elle n'a entraîné aucun dynamisme supplémentaire, mais depuis la crise, elle est devenue un facteur aggravant du chômage !
Toutes ses recettes libérales ayant échouées et la mode étant désormais aux plans de relance keynésiens, Sarkozy s'est désormais converti à la dépense publique : 10 milliards de grands travaux publics, 10 milliards pour les entreprises afin de les inciter à investir…
A la différence des recettes passées, sa nouvelle lubie ne repose sur aucun semblant de justification économique. Personne ne peut raisonnablement soutenir que la France souffre d'un défaut d'investissement ou d'une carence en équipements publics. Au contraire, la qualité de nos infrastructures est toujours citée comme l'un des principaux facteurs d'attractivité du pays !
Avant, il trouvait à expliquer la langueur de la croissance française par des ritournelles libérales. Maintenant que l'économie est en récession, il n'y a plus aucune cause à combattre. Si la récession n'était qu'une conséquence de la crise bancaire, la recapitalisation des banques devrait suffire à faire repartir le crédit, donc l'investissement et la consommation. Apparemment non. La cause de la récession n'est pas là. Elle est ailleurs, partout et nulle part. C'est la crise mondiale. Comme un phénomène météorologique ou une malédiction qui se serait abattu sur la planète… Il ne s'agit plus de remédier aux maux de l'économie française, mais de relancer pour masquer les effets d'une économie à l'agonie.
L'absence de cause invoquée à la nécessité de la relance en dit long sur la vacuité de la stratégie économique de nos dirigeants.
Où est le volet défensif ?
Si les 10 milliards d'investissements publics devraient stimuler l'activité, notamment dans l'ingénierie et le BTP, l'effet des 10 milliards destinés aux entreprises est beaucoup plus douteux. L'investissement productif ne repartira pas simplement en renforçant la trésorerie des entreprises ou en consolidant leur capital avec le fonds d'intervention stratégique.
Pour qu'une entreprise investisse, il lui faut un surcroît de compétitivité pour exporter, une nouvelle demande à satisfaire ou un saut technologique à accomplir : autant de facteurs qu'ignore le plan de relance. Les 10 milliards pour les entreprises ne serviront qu'à les aider à encaisser tant bien que mal le choc de la crise.
Si le programme d'investissement public peut être considéré comme offensif, les aides aux entreprises apparaissent comme un volet défensif, bien insuffisant.
Le plan de relance pèche en effet par une insuffisance de mesures de protection. Sarkozy a mis en évidence dans son discours les deux risques majeurs de la période qui s'ouvre : les délocalisations et les plans sociaux décidés par anticipation pour préserver les marges. Si les entreprises s'engageaient sur cette voie, on passerait vite de la récession à la dépression sous l'effet conjugué de la chute de la demande et d'une érosion de l'offre de travail. Sur ces deux risques majeurs, Sarkozy se contente de demander des « engagements » et de proférer une « mise en garde » : un peu léger dans une crise d'une telle ampleur !
Pourquoi n'a-t-il donc pas pris ses responsabilités en prenant des mesures contraignantes comme la restauration temporaire de l'autorisation administrative de licenciement, voire l'interdiction des licenciements pour les entreprises encore profitables ? Après tout, un jugement récent a bien condamné pour ce motif la délocalisation de l'entreprise Arena !
Rien pour les chômeurs
De même, il n'y a rien ou si peu dans le plan en ce qui concerne l'indemnisation des chômeurs. Seuls l'extension des contrats de transition professionnelles et des annonces d'incitation au travail à temps partiels viennent tenter de conforter la situation de ceux qui vont perdre leur emploi. Sarkozy reste de ce point de vue accroché au schéma ancien des « mutations » où un salarié licencié était sensé pouvoir en retrouver un facilement ailleurs, dès lors qu'il accepterait de se former et quitte à revoir à la baisse ses prétentions salariales.
Il y a là d'ailleurs un vrai risque pour la solidité du tissu économique. Si l'industrie automobile licencie en masse – ce qui est probable – et que le BTP recrute car stimulé à l'excès par le plan de relance, va-t-on reconvertir les ouvriers de l'industrie en maçons et en couvreurs au risque de faire disparaître la main d'œuvre qualifiée et d'enterrer tout espoir de rebond de l'industrie ?
Dans ce contexte récessif, il faut avoir le courage d'accepter l'idée qu'il y aura une remontée du chômage. Et peut-être vaut-il mieux pour l'avenir indemniser les chômeurs tout en leur offrant des formations qualifiantes dans leur métier (VAE…) plutôt que de les forcer à se reconvertir dans des métiers portés par une bulle artificiellement gonflée par l'intervention publique. La France ne va tout de même pas se spécialiser dans le bâtiment, les travaux publics, le commerce, l'artisanat (sa proposition d'emploi franc emprunté au programme de Bayrou) ou les services à la personne ! Ce serait engager le pays sur la voie d'un déclin assuré et rapide, car il s'agit d'une économie sensée être induite par le dynamisme de l'économie productive. En aucun cas ces secteurs d'activité ne sauraient constituer un moteur de croissance et de création de richesse.
Que ce soit pour la sauvegarde de l'appareil productif ou la préservation de la main d'œuvre qualifiée, il manque assurément un volet défensif au plan de relance de Sarkozy.
Et si la crise était systémique ?
Pour certains économistes, tel Jacques Sapir, Jean Luc Gréau, Frédéric Lordon ou Emmanuel Todd, la crise mondiale n'est ni un phénomène conjoncturel, ni une conséquence de la crise financière. C'est une crise d'épuisement du modèle néolibéral fondé sur la mondialisation des échanges, le primat de la finance sur l'industrie, l'explosion des inégalités et des déséquilibres macroéconomiques mondiaux, l'excès d'endettement public et privé venus compensés une stagnation des salaires.
Selon cette hypothèse, l'économie mondiale, confrontée à un mur de dettes et à un problème d'insuffisance de la demande globale, s'engage dans une spirale dépressive et déflationniste qui s'annonce dévastatrice pour l'emploi, le pouvoir d'achat et les finances publiques. Elle durera tant que le système n'aura pas été réformé en profondeur permettre la relance des salaires, de la production et de l'investissement.
Si cette interprétation s'avère juste, le plan de relance ne redonnera qu'une petite bouffée d'air à l'économie française tout en aggravant les causes de la crise. L'économie en ressortira plus endettée, avec une demande plus comprimée, un appareil productif encore plus délocalisé, des salaires encore plus contraints. Le traitement administré par Sarkozy reviendrait alors à celui de l'alcoolique qui boit au réveil l'alcool avec lequel il s'est mis minable la veille pour faire passer sa gueule de bois…
La seule sortie de crise envisageable passerait alors par une réindustrialisation du pays et un ancrage de l'industrie via la mise en place d'un protectionnisme coopératif, par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre travail et capital via de nouvelles contraintes à l'avidité du capital et par une remontée des salaires via des mécanismes d'indexation au regard de la productivité du travail.
Nous ne tarderons d'ailleurs pas à savoir si la récession est un phénomène conjoncturel lié à la crise financière ou si elle est une crise systémique d'épuisement du modèle.
Bientôt les entreprises du CAC 40 publieront leurs résultats pour l'année. Si nos champions nationaux battent une fois de plus leurs records de profits, ce sera le signe que le capital à force de vivre sur la bête est en train de la tuer et qu'il ne lâchera pas prise avant de l'avoir définitivement achevé.
Ce jour là, la crise économique deviendra sociale, puis politique.
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